L’accès à la justice au centre des préoccupations des jeunes militants ouest-africains
«Un droit fondamental et une condition indispensable de promotion et de protection de tous les autres droits». Dans sa présentation de l’édition 2014 des Universités d’été des droits humains, le Centre d’Information et de Formation en matière de Droits Humains en Afrique (CIFDHA) a mis le doigt sur l’un des défis fondamental dans les Etats africains : l’accès à la justice. Limité par plusieurs facteurs, aussi bien structurels que sociaux et psychologiques, le recours à la justice n’est pas une évidence pour bien des populations.
Ce thème s’est trouvé au centre des débats des Universités d’été organisées à Ouagadougou du 4 au 10 août 2014, où près de trente jeunes défenseuses et défenseurs des droits humains, sélectionnés dans neuf pays différents d’Afrique de l’Ouest, se sont retrouvés à l’initiative du CIFDHA. Après avoir discuté des problèmes existants dans leurs pays respectifs, les jeunes militants se sont penchés sur le fonctionnement des mécanismes régionaux africains et universels – les procédures devant l’ONU – comme autant de moyens subsidiaires de faire valoir les droits fondamentaux. Les participants ont du, par exemple, se saisir d’un cas de violation proposé par les organisateurs et, manuels de procédure en main, le défendre au cours d’une audience fictive mémorable devant la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Les autres modes de règlements de conflit n’ont pour autant pas été négligés grâce à la présentation par le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) de son travail d’accompagnement des victimes au moyen de centres d’écoute et de boutiques de droit. De manière générale, les participants ont pu bénéficier des apports d’experts locaux, parmi lesquels un juge et un avocat burkinabès engagés pour les droits humains. Le travail effectué tout au long de la semaine sur les procédures et les moyens d’obtenir réparation permet désormais aux jeunes défenseurs de disposer d’options alternatives pour renforcer l’effectivité des droits humains dans leur pays.
Mais comment articuler ces connaissances pratiques avec les besoins identifiés sur le terrain? Au cours de la formation, le CODAP s’est particulièrement concentré sur le renforcement des capacités d’action des jeunes militants en matière d’élaboration de projet. Comment permettre aux personnes apatrides d’obtenir des droits au Nord de la Côte d’Ivoire ? Par quels moyens éliminer une pratique discriminatoire dans l’attribution de parcelles foncières à Ouagadougou ? Les ateliers animés par le CODAP et le CIFDHA ont permis d’accompagner les jeunes dans la création de leurs projets, en mettant l’accent sur l’analyse, la structure ainsi que sur les stratégies de financement et de communication. Ainsi, la qualité de certains projets présentés en fin de formation ouvre la perspective d’améliorations concrètes de l’accès à la justice dans les pays d’Afrique de l’Ouest.
Pour aller plus loin, découvrez ici un compte-rendu de la session ainsi que les témoignages des participants.